Quelle nature dans la ville de demain ? Le cas des tortues exotiques de l'Eurométropole de Strasbourg (programme TortuEEES)
Jean-Yves Georges  1, *@  , Gildas Lemonnier  2, *@  , Sandrine Glatron  3, 4, *@  , Adine Hector  5, *@  , Yves Meinard  6, *@  , Véronique Philippot  7, *@  
1 : IPHC, Université de Strasbourg-CNRS
CNRS : UMR7178
F-67000 Strasbourg -  France
2 : IPHC, Université de Strasbourg-CNRS
CNRS : UMR7178
3 : Dynamiques européennes
université de Strasbourg, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7367
4 : ZAEU
Centre National de la Recherche Scientifique - CNRS
5 : Eurométropole de Strasbourg
Aucune
6 : Laboratoire d'analyse et modélisation de systèmes pour l'aide à la décision  (LAMSADE)  -  Site web
CNRS : UMR7024, Université Paris IX - Paris Dauphine
Place de Lattre de Tassigny 75775 PARIS CEDEX 16 -  France
7 : Naturum Etudes Bureau d'études
Naturum Etudes Bureau d'études
rue RogerSalengro 37000 Tours -  France
* : Auteur correspondant

Deux parcs publics de la ville de Strasbourg ont été étudiés à travers une approche interdisciplinaire visant à quantifier les populations de tortues aquatiques et à évaluer les connaissances, représentations et opinions à leur sujet. L'inventaire naturaliste actualisé issu de 4 années de suivi révèle la présence de 12 espèces et sous-espèces, exotiques (certaines envahissantes dans la nature), totalisant quelques 80 individus dont quelques nouveau-nés. Depuis 2019, une cistude d'Europe Emys orbicularis est régulièrement contactée. Les entretiens ethnographiques avec les usagers et les agents des parcs révèlent un manque général de connaissance de cette biodiversité. Bien que la sensibilité à la tortue soit légèrement exacerbée, sa présence dans les parcs provoque diverses réactions entre curiosité et indignation, 40% des utilisateurs se disant cependant satisfaits. Les opinions sur la pertinence de cette présence exotique divergent entre agents et utilisateurs et discutent toutes des risques d'invasion biologique dans la ville. Les agents et les utilisateurs proposent principalement des solutions interventionnistes ou préventives, avec une préférence pour l'extraction des individus vers des espaces dédiés. La destruction de l'espèce est globalement rejetée. Ces solutions opérationnelles nécessitent une compréhension fine et locale des relations entre les citoyens et les vivants, un nouveau paradigme sur les espèces exotiques qui peut contribuer à une reconnexion des citoyens avec la nature, avec la montée potentielle d'une nouvelle nature en ville à comprendre et à accepter grâce à la co-construction de postes dynamisés par les connaissances citoyennes et scientifiques. La présence marquée d'exotisme en lieu et place d'un patrimoine naturel qui semble reprendre sa place soulève la question de la gestion des invasives en ville, et plus globalement de la fonction des parcs de la ville de demain, entre exutoire pour espèces exotiques pour limiter les invasions en milieu naturel et nouveau tremplin pour les espèces patrimoniales.


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