A l'origine de ce site atelier intégré à la Zone Atelier Environnementale Urbaine de Strasbourg, le projet de restauration d'un cours d'eau urbain mené par l'EuroMétropole de Strasbourg (EMS, alors Communauté Urbaine de Strasbourg) en 2010. De par sa morphologie et les intrants chimiques des activités passées, le cours d'eau est alors dans un état médiocre selon les critères de la DCE. Le lien entre la ville et la recherche se traduit d'abord par l'élaboration de l'avant-projet sommaire par des chercheurs strasbourgeois : il s'agit de créer des systèmes extensifs de gestion des eaux de ruissellement strict issues de trois bassins versants urbains. Suit une enquête publique, qui traduit une certaine défiance des résidents alentours. Les travaux seront pilotés par un consortium constitué de : l'Agence de l'Eau Rhin Meuse, l'EMS, l'ENGEES, le laboratoire ICube, le bureau d'études SINBIO, l'Association BUFO et des représentants de riverains. Avec la mise en route du site commencent les premiers travaux de recherche orientés vers l'ingénierie écologique. Ainsi, des études portant sur les phénomènes au sein de ces systèmes évolutifs d'une part, et sur leurs performances d'autre part seront le support de plusieurs stages académiques et de trois thèses de doctorat successives (2012 – présent). Au fur et à mesure de ces travaux et grâce à l'interdisciplinarité au sein de la Zone Atelier, d'autres domaines scientifiques sont venus enrichir la compréhension de ce site atelier. Ainsi depuis 2015, une approche d'écologie des zones humides a permis grâce aux liens avec le CAP-LTER de mettre en exergue l'effet de la transpiration des plantes sur le bilan hydrique du système, et ses conséquences opérationnelles ; une enquête de représentations menée en 2018 auprès des riverains a permis de comprendre et d'analyser les perceptions citoyennes quant aux fonctionnalités et usage du site, et commencer à en formuler une compréhension intégrée; enfin en 2019, dans l'optique d'aboutir à un changement de pratique concernant les rejets dans les eaux, une étude de physico-chimie sur les sources de la contamination observée sur le site a été menée. Après presque une décennie, les retours effectués auprès des services de la ville se traduisent par des travaux de reconfiguration de certaines parties du site, en lien notamment avec des considérations d'ordre hydraulique. Nous proposerons la synthèse de ces 10 ans d'existence et de collaboration de recherche-action avec l'EMS par l'illustration de quelques résultats marquants et leurs perspectives. Globalement, la recherche-action sur le site de l'Ostwaldergraben aura permis une compréhension scientifique améliorée et intégrée du fonctionnement du site en lien avec les objectifs initiaux de renaturation du milieu et de gestion alternative des eaux pluviales, l'application concrète de travaux de recherche et enfin l'émergence de nouveaux questionnements en lien avec la trajectoire à long terme de ce socio-écosystème.