La nature que les citadins fréquentent dans leur espace quotidien peut paraître relativement marginale dans la biodiversité globale comme au niveau des écosystèmes régionaux voire locaux. Pour autant, cette nature en ville est susceptible d'avoir diverses fonctions écologiques mais également socio-politiques qui méritent d'être appréhendées. C'est ce dernier point que l'approche des sciences humaines et sociales permet d'explorer, en s'intéressant aux rapports des citadins avec la biodiversité ordinaire, c'est-à-dire les espèces végétales et animales qu'ils côtoient au quotidien. En effet, de manière générale, l'adhésion des citoyens aux politiques de préservation de l'environnement est affichée comme incontournable dans la double perspective d'améliorer la qualité de vie en ville et de les responsabiliser pour appliquer des solutions aux dégradations environnementales. C'est pourquoi il est intéressant, en amont, de connaître le positionnement des citadins par rapport à la nature ordinaire des villes, qu'elle soit spontanée, introduite ou cultivée.
En nous appuyant sur les résultats de différents programmes auxquels les membres de la ZAEU ont participé au cours des dernières années, et qui portent sur l'agglomération de Strasbourg, nous proposons de dégager les diverses représentations de la nature en ville et des services qu'elle est susceptible de rendre à notre société du point de vue des citadins mais aussi, dans un second temps, des scientifiques et des gestionnaires. Seront ainsi détaillés :
- les fonctions prêtées à la biodiversité ;
- la perception par les urbains de la biodiversité urbaine comme élément participant d'une nature plus vaste et leur appréhension des politiques publiques qui encouragent les connections écologiques en particulier ce qui se passe (est dit, ressenti, mis en œuvre dans les aménagements) autour de la trame verte urbaine[1] et dans les jardins collectifs[2] ;
- ce qu'inspire la biodiversité non désirée (adventices, nuisibles[3], espèces exotiques[4]), qui peut s'opposer aux représentations d'une nature idyllique.
Les résultats dont nous rendrons compte s'appuient sur des analyses de discours : ceux des citadins interrogés au cours de plusieurs enquêtes, essentiellement par entretiens.
En regard de ces représentations communes nous passerons en revue ce que scientifiques et politiques attendent de la biodiversité urbaine et de l'investissement des citadins dans sa (re)connaissance. Nous nous référerons aux programmes de sciences participatives en cours dans ZAEU[5] (avec une approche réflexive sur nos actions) et sur la communication élaborée par les autorités publiques (documentation disponible sur internet ou sur des prospectus distribués à la population, magasines des collectivités).
Dans un contexte marqué par une volonté de prise en compte de l'écologie par les politiques (voir résultats des municipales 2020), nos programmes de recherche révèlent l'importance de porter à la connaissance des gestionnaires et décisionnaires ces retours d'expérience pour participer à une gouvernance partagée de l'environnement.
[1] Programmes Trame verte urbaine et Changement climatique et Trame verte
[2] Stage Biodiversité des jardins partagés et thèse Jardins partagés terreau de participation citoyenne
[3] Etude Connaissance, représentations et opinions à l'égard de la faune sauvage au statut de nuisible
[4] Programme TortuEEES (tortues exotiques envahissantes dans l'Eurométropole de Strasbourg)
[5] Programme SOLenVillE et Prairies urbaines