L'horizon de transformation vers la soutenabilité fondée sur le concept de résilience en écologie est décrit de manière normative dans la littérature en sciences de l'environnement ou mis en valeur à partir de cas d'étude isolés. S'ils constituent d'importantes « semences pour un bon Anthropocène » ces exemples restent encore trop rares, alors que la transformation devrait d'être entreprise à plus grande échelle et à vitesse rapide. Cette transformation nécessite urgemment d'être mise en pratique de manière plus systématique et étayée à partir de cas d'action-recherche efficaces. Pour ce faire, ceux-ci doivent être conçus et mis en œuvre grâce à de nouvelles configurations, représentations et pratiques des relations entre chercheurs et autres acteurs du territoire, publics comme privés. Autrement dit, la transformation implique un changement de gouvernance, pour aller vers une gestion adaptative des territoires, des ressources naturelles et des sociétés qui en dépendent. Elle doit faire une plus grande place aux interactions entre humains et non-humains, redéfinir en profondeur le rapport homme / nature et passer par un rééquilibrage des pouvoirs entre groupes d'acteurs et institutions, dans le processus de décision en matière de gestion environnementale. Les sciences sociales et en particulier l'anthropologie des relations homme / milieu, la sociologie politique des sciences, la sociologie politique et l'économie écologique doivent être mobilisées à cette fin, en étroite interaction avec l'écologie. Les zones-ateliers fournissent à ce titre des cas privilégiés, permettant d'opérer ce changement de paradigme, en donnant une plus grande place à l'action collective, à l'hybridation des savoirs et à l'articulation équilibrée entre intérêts divergents. Elles permettent d'identifier les paramètres déterminants pour générer de manière efficace la transformation. La ZATA, zone atelier Antarctique et Terres Australes, malgré une pression anthropique directe limitée, offre un cadre de travail privilégié pour identifier les paramètres nécessaires à la mise en œuvre d'une gouvernance propice à une gestion adaptative permettant d'augmenter la résilience des SES. La pression du changement global y est très forte, tout comme les interactions entre les diverses catégories d'acteurs et d'institutions historiquement situées. La présence des scientifiques y est très installée et mêlée à des enjeux politiques, économiques et géostratégiques auxquels contribuent la conservation de la biodiversité. A partir de deux modèles d'étude (pêcheries à Kerguelen et interactions avec la mégafaune marine/ conservation des oiseaux marins, pathogènes et dératisation à Amsterdam) faisant intervenir des chercheurs, des décideurs, des gestionnaires et les acteurs économiques dans le processus de décision multi-échelles (e.g. État français / CCAMLAR-RCTA) en termes de gestion environnementale, nous présenterons une méthode de modélisation des socio-écosystèmes en systèmes dynamiques. Les modèles produits permettent d'envisager leurs trajectoires de résilience en fonction des choix de gestion et peuvent ainsi servir d'outil d'aide à la décision et d'instrument inédit en matière de construction des mesures de gestion adaptative. Cette communication, élaborée au fil des interactions avec les gestionnaires, alliera ainsi réflexion théorique et retours sur des cas concrets pouvant permettre une montée en généralité utile pour aller vers une gouvernance des SES effective et efficace en termes de résilience et de soutenabilité.