L'établissement des aires protégées en Afrique australe durant l'ère coloniale a profondément modifié les interactions et les interfaces Homme-Nature. La Zone Atelier Hwange au Zimbabwe s'inscrit dans un territoire où les communautés autochtones (telles que les peuples Leya et Nambya) et la faune ont d'abord coexisté selon des dynamiques éco-logiques peu à peu remplacées par des modalités techno-logiques. À l'occasion de réflexions initiées au sein de l'action transversale sur les relations Homme-Nature du Réseau des Zones Ateliers, nous mobilisons une approche basée sur les trajectoires des socio-écosystèmes pour interroger l'évolution des Contributions de la Nature aux Hommes (NCP - Nature's contribution to People - IPBES) dans le système Hwange au cours du siècle dernier.
Cette interrogation repose sur une dizaine d'année de recherche basées sur des observations participantes, des discussions informelles et de la collecte de données multi-sources au sein de la ZA Hwange. Tandis qu'une étude ethnographique approfondie nous permet de reconstituer l'histoire et la géographie de ce système, l'analyse d'histoires de vie d'une trentaine d'informateurs autorise l'identification de phases de transitions (chocs et reconstructions) et de capitalisations (modes d'usages de la faune et de l'espace) et la caractérisation de différentes périodes du cycle évolutif de ce système. Une analyse spatiale par télédétection et cartographie participative, vient compléter les informations recueillies, avec une localisation, dans l'espace et le temps, des facteurs à l'origine des principaux changements paysagers dans la région. Il s'agit de valider et raffiner l'évolution des interactions Homme-Nature au cours du temps par l'incorporation des savoirs locaux.
Nourri des réflexions au sein de l'ATHN2 du Réseau des Zones Ateliers, ce travail propose une méthodologie interdisciplinaire pour traiter la trajectoire des socio-écosystèmes (SES) dans un contexte de bouleversements sociaux, politiques et climatiques. Notre analyse explore les processus qui influencent les capacités adaptatives de ce système au regard de la production et la distribution des services (et disservices) écosystémiques.